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#1 sur 1 à Nagasaki

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Mis à jour le par Clemox

Gunkanjima : l'île abandonnée de Hashima

La petite île d’Hashima (端島) est située à environ 20 km au sud-ouest de Nagasaki dans la mer du Japon. Cette île abandonnée est unique au monde du fait de son histoire tumultueuse.

Elle est plus communément appelée « Gunkanjima » (軍艦島) qui signifie « L’île bateau de guerre » car elle est recouverte de béton et ressemble à un cuirassé quand on la regarde de côté.

Gunkanjima : l'île bateau de guerre !
Gunkanjima : l'île bateau de guerre !
Plan de Gunkanjima
Plan de Gunkanjima

Jusqu’en 1974, l’île abritait l’une des mines de charbon les plus productives du Japon et plus de 5 000 habitants. Avec ses 480m de long pour 150m de large, elle a toujours le record mondial de densité de population par km² !

Pour les Japonais, c’est un symbole de la révolution industrielle du pays pendant l’ère Meiji. Elle a d’ailleurs été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité en 2015. Cependant, cette île a une face bien plus sombre, celle du travail forcé pendant la seconde guerre mondiale.

Ile de Gunkanjima
Ile de Gunkanjima

Aujourd’hui, l’île est inhabitée et laissée à l’abandon. Depuis 2009, il est possible de s’y rendre pour une promenade sur un parcours sécurisé.

Quelle est l’histoire de l’île d’Hashima ?

La révolution industrielle du 19ème siècle a bouleversé le monde, y compris le Japon. Le charbon était alors la ressource la plus recherchée.

Dès 1810, un gisement de charbon fût découvert sur l’île d'Hashima. Mais ce n’est qu’à partir de 1887 que des installations minières pérennes furent installées et que l’île fut continuellement habitée. En 1890, la compagnie Mitsubishi Goshi Kaisha acheta l’île pour y extraire le charbon.

Le gisement étant très important, la superficie de l’île fut triplée pour accueillir de nouvelles installations en construisant autour de l’île pour repousser la mer. La compagnie ouvrit au total 4 mines qui descendaient jusqu’à 1 km sous la mer. Les employés y travaillaient dans des conditions extrêmes avec des températures de 30°C et 95% d’humidité.

Hashima en 1910
Hashima en 1910

A partir de 1916, pour accueillir toujours plus de travailleurs, l’île fut modernisée avec la construction de plusieurs bâtiments d'habitation dont le premier immeuble en béton armé du pays, un building de 7 étages. Par la suite, une ville entière sortie de terre avec tout le confort moderne : un hôpital, une garderie, un cinéma, une piscine, une école, une maison de joie, une salle de jeux, des boutiques …

Hashima en 1929
Hashima en 1929
Intérieur de la mine
Intérieur de la mine

La seconde guerre mondiale nécessita d’intensifier encore plus l’extraction du charbon pour fournir en énergie la machine de guerre. Pour les tâches les plus dures et dangereuses, des ouvriers Coréens et Chinois étaient envoyés dans le cadre d’un programme de travail « forcé ». Nous y revenons plus en détails dans la suite de l’article.

En 1959, la population de l’île atteignit un pic avec 5 259 habitants pour un espace de 6,3 hectares (0,063 km²), soit un équivalent 83 500 personnes par km², ou encore 139 100 personne par km² dans la zone résidentielle. Ce record mondial reste toujours inégalé. En comparaison, Paris intramuros a environ 20 000 habitants par km².

Hashima en 1955
Hashima en 1955

A partir des années 60, le pétrole a commencé à remplacer le charbon et la mine déclina jusqu’à fermer en janvier 1974.

Depuis lors, l’île est restée inhabitée et la majeure partie des lieux sont laissés à l'abandon. La plupart des bâtiments ayant été construits en béton armé, ils résistent encore bien aux assauts du temps.

L’île d’Hashima a été intégrée à la préfecture de Nagasaki en 2005. De grands travaux de réaménagement ont été entrepris pour un coût de 100 millions de yens (~800 000 €) afin d’accueillir des visiteurs. L’île a réouvert ses portes le 22 avril 2009 après 35 ans de fermeture. En 2011, 235 000 touristes ont suivi la visite guidée sur l’île.

Hashima en 2008
Hashima en 2008
Immeubles de l'île d'Hashima
Immeubles de l'île d'Hashima

En 2015, l’île a été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, dans la section des sites de la révolution industrielle de l’ère Meiji du Japon.

Quelle est la polémique autour de l’île d'Hashima / Gunkanjima ?

Pendant la seconde guerre mondiale, la Corée et la Chine étaient occupées par le Japon. Les chiffres exacts sont assez difficiles à connaitre, mais il y aurait eu entre 800 et 1 300 travailleurs enrôlés de force dans les mines de Gunkanjima. Leurs conditions de travail et de vie étaient des plus déplorables.

Selon les rares témoignages de survivants Coréens, les travailleurs forcés étaient vus comme des sujets de seconde classe assignés aux basses tâches ou aux plus dangereuses, comme se rendre dans les parties de la mine ayant des gaz toxiques.

Bien que fiction, le film Coréen à succès “Battleship Island” raconte l’histoire d’immigrés Coréen et leur vie sur l’île d’Hashima. Officiellement salariés, le coût de leur logement et de leur nourriture dépassait largement celui de leur salaire, les empêchant ainsi de quitter l’île. Le gouvernement Japonais a naturellement critiqué ce film.

Unseco World Heritage
Unseco World Heritage

En 2009, le Japon demanda l'inscription de l'île au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette demande a été fortement critiquée en Corée du Sud en raison des faits décrits précédemment. L'inscription de l'île d'Hashima a finalement été acceptée en 2015 dans la section des sites de la révolution industrielle Meiji au Japon. En échange, le Japon devait entreprendre un travail de mémoire pour honorer les victimes.

En 2020, un centre a été ouvert à Tôkyô, mais celui glorifie la machine industrielle Japonaise en omettant tous les aspects négatifs des événements. Le comité du patrimoine mondial de l'Unesco continue à exercer des pressions sur le Japon afin qu'il honore sa promesse de mémoire envers les victimes du travail forcé.

Que peut-on voir en allant à Gunkanjima ?

Depuis avril 2009, et l’ouverture de l’île aux visiteurs, il est possible de s'y rendre pour une promenade d'environ 3 heures en incluant le trajet en bateau.

Depuis le port de Nagasaki, il faut environ 1 heure pour rejoindre l’île de Gunkanjima. Sur le trajet, vous pourrez admirer la côte de Nagasaki et l’immense usine de construction de bateaux de Mitsubishi. Vous assisterez aussi à la diffusion d'une petite vidéo de présentation de l’île et des bienfaits qu’elle a apporté à la modernisation du Japon pendant l'ère Meiji.

Usine Mitsubishi
Usine Mitsubishi
Immeubles d'habitation
Immeubles d'habitation

Attention, si les conditions météorologiques sont considérées comme trop mauvaises par la compagnie (mer trop agitée, trop de vent …), le bateau fera simplement le tour de l’île ou la sortie sera annulée.

Les ruines d'un immeuble
Les ruines d'un immeuble
Ile de Gunkanjima
Ile de Gunkanjima

Une fois sur Gunkanjima, il n’est malheureusement pas possible de s’y promener librement. Vous devez rester sur le chemin protégé pour éviter tout risque de chute de débris. La durée sur place est de 45 minutes avec 3 zones de point de vue mises en valeur. L’ensemble des explications sont uniquement en Japonais. Pour vous y retrouver, vous pouvez vous aider de notre carte de l'île en début de cet article.

Les ruines sur l'île de Gunkanjima
Les ruines sur l'île de Gunkanjima

L'endroit est assez impressionnant avec les différentes zones et les milliers de débris de béton.

Comment aller jusqu’à Gunkanjima ?

Plusieurs compagnies proposent la traversée jusqu’à Gunkanjima en partant de différents ports. Lorsque nous y avons été, nous sommes partis du port de Nagasaki qui se trouve près de l'arrêt de tram "Ohato" (大波止). Les compagnies suivantes s'y trouvent :

Bateau Saruku II de Gunkanjima Landing & Cruise
Bateau Saruku II de Gunkanjima Landing & Cruise
Bateau Black Diamond de Gunkanjima Cruise
Bateau Black Diamond de Gunkanjima Cruise

L'accès à l'île est conditionné à une bonne météo. Plutôt que de réserver vos billets à l'avance par internet, nous vous conseillons de consulter les sites des compagnies 1 ou 2 jours à l'avance, ils permettent d'avoir une prévision des conditions météorologiques. Si tout est bon, il sera préférable d'aller directement sur place acheter des billets. En effet, leurs sites web sont assez mal faits et peu clairs pour les étrangers.

Visiter virtuellement l’île de Gunkanjima !?

Si vous n'avez pas le temps de passer une demi-journée pour aller jusqu'à Gunkanjima, il est possible de visiter l'île virtuellement !

En juin 2013, Google a été autorisé à numériser une bonne partie de l’île. Cette promenade virtuelle est disponible gratuitement sur Google Street View et permet de voir beaucoup plus de lieux que la promenade physique.

Google Street View - Gunkanjima
Google Street View - Gunkanjima

Une autre manière de visiter l’île est d’aller au musée digital de Gunkanjima (Gunkanjima Digital Museum) à Nagasaki. Ce musée offre une superbe expérience pour découvrir le fonctionnement de la mine et la vie de ses habitants via des simulations. De nombreuses photos et témoignages sont aussi présentés.

Musée digital Gunkanjima
Musée digital Gunkanjima

Le musée "Gunkanjima Digital Museum” est situé près l’église Oura et de l’arrêt de tram “Ouratenshudo” (大浦天主堂). Il est ouvert de 8h00 à 17h00 et l’entrée est à 1 800 yens (~14 €). La visite dure environ 1h et une partie des présentations est en anglais.

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