Situé au cœur des montagnes boisées de Nikkô, à environ 2h40 de train de Tôkyô, le sanctuaire Tôshôgû (東照宮) est un chef-d’œuvre architectural et un symbole historique majeur.
Érigé pour rendre hommage à Tokugawa Ieyasu (1543-1616), fondateur du shôgunat Tokugawa, ce sanctuaire marque le début de l'ère Edo (1603-1868), une période de paix et de prospérité ayant façonné le Japon traditionnel.
Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1999, le Tôshôgû fascine autant par la richesse de ses décorations que par l'importance culturelle qu'il revêt pour les Japonais.
Quelle est l’histoire du sanctuaire Tôshôgû de Nikkô ?
Le sanctuaire fut construit en 1617 par Tokugawa Hidetada, deuxième shôgun et fils de Tokugawa Ieyasu, pour honorer son illustre père. Toutefois, la majeure partie des bâtiments que l'on admire aujourd'hui date de 1636, sous l'impulsion de Tokugawa Iemitsu, petit-fils d’Ieyasu.
Saviez-vous que Tokugawa Ieyasu fut d'abord enterré au sanctuaire Kunozan Tôshôgû à Shizuoka ?
Ses restes furent ensuite transférés à Nikkô, conformément à ses dernières volontés. Cependant, une légende persiste : certains pensent que son corps n'aurait jamais quitté Shizuoka, le sol acide du Japon empêchant toute vérification archéologique…


Quels sont les lieux à visiter dans le sanctuaire ?
Le sanctuaire compte plus de 50 structures richement ornées, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. La visite suit généralement un parcours balisé qui vous plonge dans un univers de couleurs, de dorures et de symboles traditionnels.
Voici les étapes incontournables de votre exploration :

Ishidorii, la porte de pierre
Première image forte : l’énorme torii en pierre offert en 1618 par le gouverneur du nord de Kyûshû. Il symbolise le passage du monde profane au monde sacré, ce torii, transporté laborieusement à travers le Japon, impressionne par sa robustesse et sa prestance.

Gojunoto, la pagode à 5 étages
À gauche après l’Ishidorii, la Gojunoto (五重塔) s’élève majestueusement. Offerte en 1648 par le seigneur de Fukui, cette pagode fut reconstruite en 1818 après avoir été détruite par un incendie. Chaque étage représente un des éléments fondamentaux : terre, eau, feu, vent et ciel.

Omotemon, la porte principale
Franchir l’Omotemon (表門) marque l'entrée officielle du sanctuaire. Deux imposantes statues de dieux guerriers (Niô) gardent cette porte, dissuadant les esprits maléfiques.

Sanjinko, les 3 entrepôts sacrés
Face à vous, trois bâtiments alignés : Kamijinko, Nakajinko, et Shimojinko. Ils renferment des costumes somptueux utilisés lors de la célèbre procession des 1 000 samouraïs.
Ne manquez pas les "éléphants imaginaires" peints sur l'entrepôt supérieur : bien que l’artiste Kano Tanyu n’ait jamais vu d'éléphants réels, il en a offert une vision fantasmée fascinante !

Shinkyûsha et Sansaru, l’écurie et les 3 singes
À votre gauche, découvrez l’écurie Shinkyûsha ornée de la célèbre frise des trois singes de la sagesse :
- Mizaru (qui ne voit pas le mal)
- Kikazaru (qui n'entend pas le mal)
- Iwazaru (qui ne dit pas le mal)
Cette représentation philosophique, devenue emblématique, rappelle les valeurs morales profondes du shintoïsme.


Omizuya, bassin de purification
Arrêtez-vous quelques instants au bassin Omizuya pour le rituel traditionnel :
- Prenez une louche avec la main droite.
- Rincez votre main gauche, puis votre main droite.
- Versez un peu d'eau dans votre main pour vous rincer la bouche (ne jamais boire directement depuis la louche !).

Yomeimon, la porte étincelante
Véritable chef-d’œuvre, la Yomeimon (陽明門) est surnommée la "porte du coucher de soleil" tant ses détails sont infinis à contempler.
Avec ses plus de 500 sculptures évoquant la vie quotidienne, les animaux mythiques et les scènes légendaires, elle incarne la magnificence de l'art Edo.


Kairô, le corridor
De chaque côté de la porte, les murs de Kairô arborent des sculptures polychromes somptueuses représentant fleurs, oiseaux et paysages saisonniers. Ces œuvres sont si raffinées qu'elles sont elles aussi classées trésors nationaux.

Shinyosha, les temples portables
Ce bâtiment doré protège trois mikoshi (sanctuaires portatifs) utilisés lors des grandes processions du printemps et de l'automne.

Karamon, la porte Chinoise
La Karamon blanche, peinte à la craie, est la dernière porte avant le cœur spirituel du sanctuaire. Ses sculptures raffinées mettent en scène des érudits chinois mythiques.

Gohonsha, le temple principal
Composé du Honden (本殿, sanctuaire principal), du Haiden (拝殿, salle de prière) et de l’Ishinoma (石の間, chambre de pierre), le Gohonsha est le centre névralgique du sanctuaire. Malheureusement, il est fermé au public pour préserver ses trésors.

Kitôden, salle de prière
Utilisée pour les mariages shinto et d'autres rituels, la Kitôden permet aux fidèles de prier dans un cadre plus intimiste.

Nemuri neko, le chat qui dort
Chef-d'œuvre de Hidari Jingorô, la sculpture du Nemuri Neko (眠り猫) représente un chat paisiblement endormi sous des pivoines en pleine lumière.
Un symbole parfait de paix et de prospérité, en écho au nom même de Nikkô ("lumière du soleil").
Le maitre était fasciné par les chats et s'isola du monde pendant huit mois afin de capter l'essence de ce qu'est un chat et en proposer la représentation la plus parfaite possible.

Okumiya, la tombe de Tokugawa Ieyasu
Après avoir gravi plus de 200 marches, traversez une forêt de cèdres ancestraux pour atteindre l'Okumiya.
La tombe de Tokugawa Ieyasu repose sous une pagode dorée datant de 1683, jamais ouverte depuis son installation en 1617.

Le musée du Tôshôgû de Nikkô
Juste à l’entrée du sanctuaire, le musée Tôshôgû expose des objets personnels, des armures, des lettres manuscrites et des estampes relatives à Tokugawa Ieyasu et au sanctuaire.
- Horaires : identiques à ceux du sanctuaire
- Tarif : 1 000 yens (~6,70 €)
Quels festivals et événements traditionnels vivre au sanctuaire Tôshôgû ?
Le sanctuaire est particulièrement vivant lors de ses grands festivals annuels. Les événements majeurs sont mis en gras.
Mois | Evénement |
Janvier | 1er janvier : Célébration du Nouvel An |
Février |
Jour avant le 1er jour du printemps : fête du printemps 11 février : fête nationale |
Mai |
17 mai : grand festival du printemps, spectacle d’archers à cheval 18 mai : grand festival du printemps, cérémonie des 1 000 samouraïs |
Août |
17 et 18 août : tournoi de Kendô |
Octobre |
16 octobre : grand festival d’automne, tir à l’arc sacré à cheval 17 octobre : grand festival d’automne, cérémonie des 1 000 samouraïs Exposition de gâteaux Exposition des chrysanthèmes |
Novembre |
3 novembre : fête d’anniversaire de l’empereur de l’ère Meij |
Décembre |
23 décembre : fête de l’anniversaire de l’empereur 31 décembre : fête de la fin d’année |
Les cérémonie de mai et octobre sont extrêmement populaires. Des milliers de personnes viennent au sanctuaire depuis Tôkyô pour suivre les festivités. Si vous y allez, pensez à réserver une place dans le train, voir un hôtel sur place bien à l’avance.


Comment se rendre au sanctuaire Tôshôgû de Nikkô ?
Quelle est la meilleure option depuis Tôkyô ?
Train Tobu (ligne Nikko-Kinugawa) depuis la gare d’Asakusa : 1h50, tarif environ 20 €. Direct, économique, idéal pour une excursion d’une journée mais non compris dans le JR Pass.
La compagnie Tobu propose 2 pass de voyage dont le "Nikko Pass World Heritage" sur 2 jours qui est très avantageux.
Existe-t-il une autre option avec le JR Pass ?
Prenez le Shinkansen depuis la gare de Tôkyô jusqu’à Utsunomiya, puis la ligne JR Nikkô jusqu’à la gare de Nikkô : environ 2h40 pour ~50 €.