Le Japon est souvent perçu comme un pays ultramoderne et paisible, ce qu’il est dans bien des aspects. Mais il ne faut pas oublier qu’une large partie du territoire reste couverte de forêts, de montagnes, et d’espaces naturels. C’est dans ces zones que la faune locale, dont les ours, vit encore relativement librement.
Ces dernières années, la question des ours est revenue dans l’actualité japonaise : plus visibles, plus proches des zones habitées, ils peuvent croiser la route de promeneurs, de randonneurs ou même de touristes. Faut-il avoir peur ? Non. Mais être informé et préparé, oui.

Quelles espèces d’ours vivent au Japon et où les trouve-t-on ?
Les grandes métropoles comme Tôkyô, Ôsaka, Fukuoka ou certaines régions comme Kyûshû sont totalement sûres de ce point de vue. En revanche, dès qu’on s’éloigne vers des zones naturelles, même accessibles en train ou en voiture, la présence potentielle d’ours devient une réalité à considérer.
Deux espèces d’ours cohabitent au Japon, chacune avec ses particularités et sa répartition géographique.
L’ours noir d’Asie (Ursus thibetanus japonicus)
C’est l’espèce la plus répandue sur l’archipel. On le retrouve quasiment que sur l'îles de Honshû. Il est de taille moyenne, pesant généralement entre 80 et 120 kg et mesurant entre 120 et 140 cm. Son pelage est noir avec une tache blanche en forme de croissant sur la poitrine, ce qui lui vaut parfois le surnom "d’ours à collier".
De nature discrète, il préfère fuir l’homme lorsqu’il en perçoit la présence. Mais comme tout animal sauvage, il peut devenir imprévisible, surtout s’il est surpris ou s’il cherche désespérément de la nourriture.

L’ours brun de Hokkaidô (Ursus arctos yesoensis)
L’ours brun est uniquement présent sur l’île de Hokkaidô, au nord du Japon. Il est bien plus imposant que son cousin noir, pouvant atteindre jusqu’à 400 kg. Cette sous-espèce d’ours brun est proche de celles que l’on trouve en Russie ou en Amérique du Nord. Il vit principalement dans les vastes espaces forestiers et les parcs nationaux tels que Shiretoko.
La bonne nouvelle, c’est que sa zone de vie est bien connue, et les itinéraires touristiques sont surveillés et encadrés dans cette région.

Pourquoi les rencontres avec des ours sont-elles de plus en plus fréquentes ?
Même si la probabilité de croiser un ours reste très faible pour un voyageur lambda, elle a augmenté ces dernières années. Plusieurs facteurs, souvent liés à l’évolution de l’environnement et de la société japonaise, expliquent cette tendance.
- Le dérèglement climatique : le changement des saisons et la variation des cycles naturels affectent les plantes dont les ours se nourrissent, ce qui les pousse à s’approcher des zones habitées.
- La dépopulation rurale : les villages de montagne se vident peu à peu. Moins de présence humaine signifie moins de bruit, moins de chiens de garde, moins d’agriculture entretenue… et donc plus d’espace pour la faune.
- L’adaptation des ours aux humains : les jeunes ours apprennent qu’il est plus facile de trouver de la nourriture près des habitations : déchets mal fermés, cultures abandonnées et restes de pique-niques.
- La réduction des zones tampons : les routes, sentiers ou zones touristiques ont été aménagés en lisière de forêt faisant disparaitre la limite entre la nature sauvage et les zones humaines.

Quels sont les lieux touristiques concernés ?
Certaines régions japonaises très appréciées des touristes sont en bordure ou au cœur de zones où la faune sauvage, y compris les ours, est présente. Cela ne veut pas dire qu’il faut éviter ces lieux, mais qu’il faut être informé et attentif.
Principales zones à ours noir
- Tôhoku : Akita, Aomori, Iwate, Yamagata
- Chûbu : Nagano, Gifu, Toyama, Niigata, Yamanashi
- Hokuriku : Fukui, Ishikawa
- Chûgoku : Hiroshima, Shimane, Tottori
Pour exemple, en octobre 2025, à Shirakawa-gô (Ville touristique de montagne à Gifu), un touriste espagnol a été blessé par un jeune ours noir, un cas rare mais révélateur que même les sites touristiques peuvent être concernés.
Zones à ours brun
- Hokkaidô : notamment dans les parcs nationaux, zones forestières, régions comme Shiretoko, Akan ou Daisetsuzan.

Quels comportements adopter pour éviter une rencontre avec un ours au Japon ?
Il est tout à fait possible de visiter des zones naturelles en toute sécurité, à condition d’adopter quelques gestes simples, inspirés des recommandations officielles japonaises.
Quels réflexes avoir dans les zones touristiques proches de la nature ?
Dans la majorité des cas, les ours évitent spontanément l’humain. Le but est donc de ne pas les surprendre et de ne pas les attirer.
- Restez sur les sentiers balisés : ne vous aventurez pas hors des chemins officiels.
- Évitez les promenades à l’aube et au crépuscule, périodes pendant lesquelles les ours sont les plus actifs.
- Ne laissez aucun aliment dehors, même pour quelques minutes.
- Observez les panneaux de mise en garde souvent installés à l’entrée des sentiers ou des sites.
- En Japonais, ours s'écrit "熊" ou "くま" et se prononce "Kuma".
Quelles précautions prendre en randonnée ou en montagne ?
Plus on s’éloigne des zones touristiques, plus la vigilance doit être grande. Voici quelques conseils à suivre :
- Informez-vous localement : les offices de tourisme et hébergements affichent souvent les alertes récentes (présence d’un ours, fermeture de sentiers).
- Évitez de marcher seul(e) : le bruit d’un groupe est dissuasif.
- Équipez-vous d’une clochette et portez-la à un endroit audible (sac à dos, ceinture).
- Ne portez pas d’écouteurs : restez attentif à votre environnement sonore.
- Conservez vos aliments dans des sacs étanches et bien fermés.
- Spray répulsif : disponible dans les magasins spécialisés au Japon. Il est recommandé pour les longues randonnées en zone isolée.
Certains offices de tourisme ou auberges de montagne prêtent ces équipements, surtout dans les zones où les ours sont fréquemment observés.

Que faire si je vois un ours pendant mon séjour au Japon ?
Le plus souvent, les ours s’éloignent d’eux-mêmes. Mais il est essentiel de savoir quoi faire, car une mauvaise réaction peut aggraver la situation.
Quelle attitude adopter en cas de rencontre à distance ?
- Ne vous approchez pas pour prendre une photo ou observer.
- Ne criez pas, ne faites pas de gestes brusques, ne pas paraitre menaçant.
- Ne courez jamais.
- Reculez lentement en gardant l’animal dans votre champ de vision, sans tourner le dos.
Une fois à distance de sécurité, signalez la présence de l’ours à un poste de police, une mairie ou un office de tourisme local. Cela permet aux autorités de prévenir d'autres visiteurs.
Et si l’ours s’approche de moi ?
- Tenez-vous droit, bras levés lentement pour paraître plus grand.
- Fixez-le dans les yeux, parlez calmement, d’une voix grave.
- Ne paniquez pas, restez lent dans vos gestes.
- Si vous êtes en groupe, restez groupés et visibles.
- Si l’ours est à moins de 20 mètres, préparez votre spray répulsif en le gardant en main (ne pas viser trop tôt pour éviter les erreurs de manipulation).
Dans la grande majorité des cas, l’ours détournera sa trajectoire.
Que faire en cas d’attaque (situation extrême) ?
Les attaques restent extrêmement rares, mais mieux vaut connaître les gestes qui peuvent sauver.
- Faites du bruit, crier pour lui faire peur.
- Protégez votre tête et votre nuque avec vos bras ou votre sac à dos.
- Mettez-vous en boule, dos à l’ours, jambes repliées.
- Restez immobile jusqu’à ce que l’animal parte.
Contrairement à certaines croyances, "faire le mort" n’est pas une stratégie active, mais une posture défensive visant à réduire l’agressivité perçue par l’animal.
Quelles mesures sont prises au Japon pour limiter les dangers liés aux ours ?
Le Japon est l’un des pays les plus avancés en matière de cohabitation avec la faune sauvage, et les autorités locales prennent très au sérieux la gestion du risque ours.
Comment les autorités locales surveillent-elles la présence des ours ?
- Caméras avec détection automatique (IA) dans les zones sensibles.
- Alertes locales : fermeture de sentiers, messages d’avertissement, panneaux traduits.
- Cartes de vigilance comme la “Kumamori Map” disponibles en ligne ou dans les offices.
Quelles méthodes sont utilisées pour dissuader les ours ?
- Clôtures électriques autour des champs ou villages.
- Alarme sonores, cloches, haut-parleurs automatiques.
- Robots effaroucheurs (en forme de loup, utilisés dans certaines zones agricoles).
- Gestion rigoureuse des déchets alimentaires, y compris dans les zones touristiques.

Que se passe-t-il si un ours représente un danger immédiat ?
Dans les cas les plus rares où un ours s’approche trop près des zones habitées, les autorités peuvent :
- capturer l’animal pour le relâcher plus loin,
- ou autoriser son abattage, sous strict encadrement administratif.
Ces mesures restent exceptionnelles et visent à protéger à la fois les habitants, les visiteurs, et les équilibres écologiques.