Au cœur du tumulte de Tôkyô, niché entre les gratte-ciel modernes de Shiodome et la baie de Tôkyô, se trouve un écrin de verdure et d’histoire : le jardin Hama-Rikyû (浜離宮恩賜庭園). Véritable havre de paix, ce jardin traditionnel japonais conjugue élégance paysagère, patrimoine historique et atmosphère apaisante.
Son nom, qui signifie littéralement "Jardin du palais détaché au bord de la mer", évoque son passé lié à la famille impériale et sa situation unique en bordure de la baie.
Le dépliant officiel du jardin est disponible en Français, vous y trouverez un QR Code permettant de télécharger une application pour téléphone. Elle contient des informations détaillées en Français sur le jardin ainsi qu'un plan intéractif (le téléchargement est assez lent).

Quelle est l'histoire du jardin Hama-Rikyû ?
Un jardin né sous le shogunat Tokugawa
Le jardin Hama-Rikyû plonge ses racines dans l'époque d'Edo (1603-1868), période où Tôkyô s'appelait encore Edo et était le siège du shogunat Tokugawa. Créé au XVIIe siècle, le jardin faisait partie d'une résidence secondaire de la famille Tokugawa, l'une des plus puissantes lignées de l'histoire japonaise.
À l'époque, ce vaste domaine était non seulement un lieu de villégiature pour les seigneurs féodaux (daimyô), mais aussi un terrain de chasse aux canards et un site de fauconnerie, deux activités prisées par l'élite guerrière.

De jardin shogunal à résidence impériale
La Restauration de Meiji en 1868, marquant le retour du pouvoir impérial, transforma le paysage politique et urbain du Japon. Hama-Rikyû passa alors sous le contrôle de la famille impériale et devint une résidence officielle rebaptisée "Hama Rikyû".
Ce lieu servit dès lors à accueillir des dignitaires étrangers et fut utilisé pour des loisirs impériaux. Malheureusement, de nombreux bâtiments furent détruits lors du grand tremblement de terre du Kantô en 1923, événement tragique qui bouleversa l'architecture de Tôkyô.

Ouverture au public et renaissance du jardin
Après la Seconde Guerre mondiale, le jardin fut cédé à la ville de Tôkyô. En avril 1946, il ouvrit ses portes au public, devenant l’un des jardins les plus appréciés de la capitale. Depuis, Hama-Rikyû a été restauré et entretenu avec soin pour préserver son charme d'antan et offrir aux Tokyoïtes comme aux visiteurs du monde entier un espace de quiétude.

Que voir dans le jardin Hama-Rikyû ?
Visiter Hama-Rikyû, c’est explorer un espace où l’âme japonaise se révèle à travers un agencement minutieux des paysages, des plans d’eau uniques et des édifices traditionnels.

Une promenade sensorielle
Les chemins sinueux du jardin invitent à une promenade contemplative. Chaque détour offre une vue soigneusement orchestrée : un pin séculaire, un étang aux reflets changeants, un pavillon de thé discret ou encore une trouée sur les gratte-ciel du quartier de Shiodome. Ce contraste entre nature et modernité fait tout le charme du lieu.
La beauté de Hama-Rikyû évolue au fil des saisons :
- Au printemps : les cerisiers en fleurs transforment le paysage en un océan de pétales
- En été : la verdure luxuriante et les reflets dorés du soleil sur les étangs créent une atmosphère rafraîchissante
- En automne : les érables rougissent, offrant des panoramas dignes des plus belles estampes japonaises
- En hiver : le jardin retrouve une sobriété élégante, propice à la méditation


L’étang de Shioiri : un étang à marée
L’une des caractéristiques les plus étonnantes de Hama-Rikyû est la présence d’étangs d’eau salée, alimentés directement par la baie de Tôkyô. L’étang de Shioiri, le plus vaste du jardin, voit son niveau d’eau fluctuer au gré des marées, un phénomène rare dans les jardins japonais.

L’étang de Koshindo : le rendez-vous des cerisiers
Plus intime, l’étang de Koshindo est bordé de cerisiers. Lors de la floraison, ce coin du jardin devient l’un des spots les plus prisés pour le hanami (observation des fleurs de cerisier), attirant photographes et flâneurs.
La maison de thé Nakajima
Au centre de l’étang de Shioiri se dresse la maison de thé Nakajima, un bijou d’architecture traditionnelle sur pilotis. Accessible par un charmant ponton, elle invite à une pause gustative et contemplative.
Construite initialement en 1707 par le shogun Ienobu, la maison a été reconstruite plusieurs fois, la version actuelle datant de 1983. Trois autres maisons de thé jalonnent le jardin : elles ne sont pas toujours ouvertes au public mais participent au charme du lieu.


Le pont de l'île de la Lune
Le pont de l’île de la Lune (Otsutai-bashi) est l’un des éléments les plus emblématiques de Hama-Rikyû. Cette élégante passerelle en bois de 120 mètres traverse majestueusement l’étang de Shioiri.
Le pont offre une perspective unique sur le jardin et le skyline de Tôkyô. C’est un spot idéal pour les amateurs de photographie, particulièrement au coucher du soleil, lorsque le ciel doré se reflète dans l’eau, créant un contraste saisissant entre tradition et modernité.
La forêt des pins noirs
Les pins noirs japonais (kuromatsu) sont un symbole de longévité et de résilience dans la culture nippone. Dans le jardin, une section ombragée est entièrement dédiée à ces arbres majestueux.
Observation des oiseaux
Hama-Rikyû est aussi un site prisé des ornithologues amateurs. Grâce à ses vastes étangs et ses zones boisées, le jardin attire de nombreuses espèces d’oiseaux, notamment aquatiques et migratrices. Quelques espèces à observer
- Hérons cendrés
- Canards colverts
- Aigrettes
- Mouettes
- Cormorans
Comment accéder au jardin Hama-Rikyu ?
En métro
Hama-Rikyû est très bien desservi par les transports en commun. Deux stations de métro principales permettent d’y accéder :
- Shiodome : lignes Oedo et Yurikamome
- Shimbashi : lignes JR Yamanote, Ginza, Asakusa et Yurikamome
Depuis ces stations, quelques minutes de marche suffisent pour atteindre l’entrée du jardin.
En bateau
Pour une expérience originale, pourquoi ne pas arriver au jardin par la mer ? Plusieurs services de ferry, notamment au départ de Asakusa ou d’Odaiba, proposent des traversées pittoresques de la baie de Tôkyô.